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Vous etes sur cette page >> Sedir >> la vigne Sedir : LA VIGNE
Spiritualité - Sédir, Yvon Le Loup (lu également Paul Le Loup...) Quelques textes de Sédir, pour qui sa rencontre avec Monsieur Philippe fut un des moments les plus marquants de son existence. Il était déjà écrivain, mais plus spécifiquement sur l'occultisme. Il devient dès lors un des écrivains les plus empreints de mysticisme qui se puisse concevoir. Par de nombreux écrits, il tentera de partager, de transmettre l'extraordinaire de ce que fut pour lui cette Rencontre. L'un des ouvrages : Initiations relate sa rencontre avec Philippe, de Lyon... Extrait : La vigne Au lieu de nous en retourner directement à Paris, Andréas prit le train de Chinon, et descendit à l'lle-Bouchard. De là, nous montâmes dans un petit chemin de fer d'intérêt local, avec toute une cohue de fermiers et de fermières qui s'en retournaient du marché. La petite locomotive avançait en haletant, entre des collines chauffées au grand soleil d'été. Séparés par des murs de pierres sèches, les vignobles étageaient leurs lignes de ceps, et à perte de vue se succédaient des plantes aux feuilles bleuies par le sulfatage. La saison s'annonçait mal. Les paysans gémissaient, la récolte serait à peine la moitié de celle d'une année ordinaire. Le vin ne pourrait probablement pas se garder ; ni poudres, ni liquides, ni engrais, ni croisements n'arrêtaient des maladies toujours nouvelles. La ruine se prévoyait. Il en faudrait des bonnes années pour se rattraper un peu.
- Vous en avez eu, des bonnes années, leur répliquait Andréas ; à quoi cela vous
a-t-il servi ? Vous avez serré vos écus, vous ne vous êtes pas payé seulement un
plaisir de plus. Votre conseil municipal a-t-il arrangé les chemins ou fait
quelque chose pour les indigents? Non. Eh bien ! pourquoi voulez-vous que la
terre soit meilleure que vous ? - Ils vous ont servi à grand-chose, cette année, leur répondit Andréas. Et, en effet, rien n'avait arrêté la maladie. La science des agronomes avait dû avouer son impuissance, et l'on retournait aux pratiques empiriques que rappelaient les vieux, assis sous le noyer, la canne au menton et la pipe à la bouche. - Oui, continuait Andréas, dans le temps, on promenait le bon Dieu dans les champs ; mais, aujourd'hui, vous êtes trop malins. Votre bon Dieu, c'est le sulfate de cuivre, et ses anges, c'est les phosphates. Tirez-en donc quelque chose, maintenant que vous avez épuisé la terre. Vous avez eu la paresse de ne plus semer de pépins, ce n'est pas naturel, Vous savez bien que si un homme ne prenait que du marc sans manger, il mourrait bientôt. Il ne faut pas forcer ; vous savez bien ménager vos chevaux et vos boeufs ; faites tout ainsi pour la vigne. Et les paysans écoutaient sans rien dire, pour ne pas avoir l'air d'être des girouettes ; mais certains convenaient bien en eux-mêmes que ce monsieur pouvait dire vrai.
- Pourtant, demandai-je à Andréas, vous ne voulez pas ramener ces gens à
l'église et au curé ? SEDIR |