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A mesure que le temps s'écoule, cette lumière divine se diffuse mieux dans l'humanité ; il y a moins de géants, peut-être, mais la moyenne s'améliore de jour en jour. Le corollaire de ceci, c'est que les anciennes méthodes de recherche et de travail les calculs mystérieux et les cérémonies magiques , deviennent peu à peu inutiles. L'âme de l'homme est progressivement admise en face de la Lumière ; il arrivera un moment béni où elle jettera ses béquilles pour marcher seule, revivifiée par les premiers rayons d'un nouveau Soleil. Les anciens, qui avaient besoin de béquilles, leur attribuaient une grande importance et, suivant le bois dont elles étaient faites, on s'appelait Fils des Dieux, Fils de la femme, Epopte, Délivré, Prophète, Mage ! Ne sourions pas de ces hommes admirables qui avaient poussé la patience, la foi et la volonté, à des développements inconnus de nous. Mais sachons que le kabbaliste peut ne pas avoir raison en proclamant ses coreligionnaires, les âmes les plus élevées de la race humaine ; sachons qu'il avait tort, et le Brahme aussi, lorsqu'ils mettent l'étude et la méditation des textes sacrés au-dessus de l'oeuvre bonne. L'oeuvre agit sur le plan physique puisque nous y habitons ; la méditation agit sur le plan des cerveaux, même maintenant où nous n'y habitons pas ; mais elle n'atteindra sa plénitude d'influence que le jour où nous habiterons ce plan cérébral: c'est pourquoi notre devoir principal, unique, c'est l'action, Quand l'action nous laissera du temps, nous pourrons étudier, méditer, imaginer, avoir des extases: et alors tous ces travaux intérieurs seront d'autant plus faciles et plus fructueux que nous aurons plus complètement oeuvré dans la matière. Plus nous avancerons, plus nous comprendrons que les livres ne servent pas, et cependant il faut les avoir lus pendant de longues nuits, que les rites ne servent pas et il faut les avoir pratiqués aveuglément, que les actes ne comptent pas, puisque nous n'en pouvons prévoir les conséquences ; que nous ne sommes, après avoir bien travaillé, que des serviteurs inutiles ; et qu'enfin, tout ce que nous pouvons saisir de Lumière est dans l'Évangile. Résumons tout ceci: aucun homme, je dirais plus, aucun prophète n'a énoncé la vérité absolue parce que d'abord personne n'a pu voir Dieu face à face, et personne ne peut Le comprendre ; ainsi tout livre est à examiner, à peser, à discuter ; il faut peser, en toute recherche, le pour et le contre, les hypothèses opposées, extraire de ces contradictions des vérités successives toujours plus hautes et plus générales ; nous avons d'ailleurs, même dans ces spéculations intellectuelles, un guide certain: c'est la lumière de la croix, et la parole du Christ ! Seulement cette parole et cette lumière, il faut les comprendre, non pas comme des dogmes, mais comme des puissances vivantes dont la vertu régénère, non seulement notre esprit, mais notre coeur et notre corps. C'est cette régénération qui est le but de la vie, et c'est mon plus vif souhait, que beaucoup puissent en éprouver la bienfaisante vertu. SÉDIR |